Chili : montée de l’extrême droite à la veille des élections présidentielles

Le candidat à la présidence Johannes Kaiser, du Parti national libertarien, lors d’un rassemblement à Santiago, au Chili, mercredi 12 novembre 2025. ESTEBAN FELIX / AP
Le premier tour de l’élection présidentielle chilienne s’est tenu le 16 novembre 2025, et arévélé une emprise surprenante de l’extrême droite sur l’échiquier politique du pays. C’est ainsi la première fois depuis la fin de la dictature militaire d’Augusto Pinochet en 1990 que ce bord politique se rapproche du pouvoir.
Alors comment expliquer ce résultat, dans l’un des pays pourtant les plus sûres de la région, riche en cuivre et en lithium ? Ce changement prend ses sources dans la peur entretenu par les politiques et le manque de sécurité de la population chilienne.
Tout d’abord, le Chili a connu ces dernières années une hausse du nombre d’homicides et d’enlèvements qui a favorisé l’ascension de l’extrême droite. Le taux d’homicides a plus que doublé en dix ans pour atteindre 6 pour 100 000 habitants, tandis que les enlèvements ont bondi de 76 % en quatre ans, selon les autorités. Ce phénomène a atteint son paroxysme par la mort d’un camionneur assassiné en 2022 dans le nord du Chili.
Cette tragédie a été instrumentalisé par le leader du parti Républicain d’extrême droite, José Antonio Kast : « Byron Castillo a été assassiné par un groupe d’immigrants illégaux qui ont violé nos frontières et nos lois ». L’argument de cette mort a fait partie intégrante de sa campagne présidentielle, présentant la mère du camionneur en larme, qui se dit décidée à voter pour le candidat.
Cet homme de 59 ans, fils d’un ancien soldat ayant servi dans l’armée d’Hitler et émigré au Chili après la Seconde Guerre mondiale, se présente pour la troisième fois à la présidence.
Kast affrontera en décembre au second tour la communiste modérée Jeannette Jara. Si celle-ci est arrivée en en tête du premier tour, elle est dorénavant en position défavorable pour le second tour. Divisés, les parties de droite et d’extrême droite avaient partagés leurs votes au premier tour, ce qui a fortement favorisé la gauche, mais cela ne sera plus le cas au second tour.
C’est donc dans ce pays latino-américain, marquée par la hausse de la criminalité et des questions d’immigration, que l’homme d’extrême droite Johannes Kaiser prend part aux débats politiques présidentiels. Les promesses d’expulsion des migrants sans-papiers était au cœur de sa campagne. Avec 337 000 étrangers en situation irrégulière dans le pays, en majorité des Vénézuéliens, la question parait effectivement incontournable à la population. L’extrême droite a donc utilisé ce climat d’inquiétude lié à l’arrivée de groupes criminels étrangers comme le Tren de Aragua, impliqué dans des enlèvements et des extorsions, afin de gagner des votes.
Kaiser a donc rencontré une grand popularité dans le pays par ses discours controversés. Il propose, entre autre, la légalisation du port d’armes et de la peine de mort, et s’oppose à l’avortement et au mariage homosexuel.
Le 14 décembre 2025 sera donc la date du deuxième tour des élections présidentielles, les résultats définitifs seront donc annoncés juste après cette date, une fois les votes comptabilisés. Le président élu sera officiellement investi le 11 mars 2026. Le vote étant obligatoire au risque d’une amende, une forte participation est attendue. Cette élection est considéré en Amérique latine comme un indicateur clé pour la gauche sud-américaine, battue récemment en Argentine et en Bolivie, et confrontée à des échéances électorales décisives en Colombie et au Brésil en 2026.